Honte et Harcèlement.
Sujet lourd et difficile, parmi tant d’autres.
Si j’en parle aujourd’hui, cela fait suite à mes lectures du moment.

« Maeva, une belle étoile filante », ce livre de Maria Isabel Villalobos, je l’ai découvert dans l’émission Tendances Première en juin de cette année. (Je vous invite à l’écouter).
Le témoignage de cette maman m’a profondément touchée. J’ai senti toute la souffrance de cette mère, j’ai entraperçu celle de sa fille et puis surtout, j’ai conscientisé un peu plus toute la souffrance dans nos sociétés humaines.
Cela m’a donné envie de lire Bruno Humbeeck, sur ce sujet en particulier : « Pour en finir avec le harcèlement, à l’école, au travail, sur le Net… »
La honte à tous les étages
Enfant, en maternelle, je me souviens d’une expérience qui m’a beaucoup appris. J’étais la meilleure copine de la fille de l’institutrice et nous avions pris en bouc-émissaire, la petite fille à lunettes qui venait d’arriver en milieu d’année à l’école.
Je ne me souviens pas tant des cruautés que nous lui faisions subir que du moment où l’institutrice a mis un terme à nos actes, publiquement, et toute la honte que j’ai senti, ainsi que la culpabilité par rapport à cette petite fille qui devenait finalement humaine.
On dit souvent que les enfants sont cruels entre eux. Oui, je l’ai été aussi et cela m’a marquée à vie.
J’avais 6 ans et bien que cela soit jeune, j’ai réalisé beaucoup de choses à ce moment-là. J’ai pris conscience de notre humanité à tous, de la compréhension aussi que je n’étais pas unique ou spéciale, de l’importance de la souffrance et de l’amour. Et cela m’a donné plus envie d’aller vers toutes les petites filles à lunettes laissées de côté, jusqu’à en devenir une moi-même à l’adolescence.
Christel Petitcollin parle en ces termes de la honte :
« Emotions, mode d’emploi » (Ed. Jouvence)
« La honte sert à standardiser les comportements individuels sur les critères collectifs en vigueur dans la société et doit permettre à chacun de s’intégrer à sa communauté. (…) Mais elle ne peut emplir son rôle que si les faits sont découverts. Malheureusement, tant que les actes asociaux restent ignorés* de la communauté, la honte n’est pas portée par celui qui agit, mais par celui qui subit. »
* Ignorés ou passés sous silence, tolérés, car trop souvent, on rit avec ou on courbe l’échine de peur d’être le prochain souffre-douleur.
La complexité du silence
Avant d’oser dire, se dire, il y a la conscience de ce qui se joue. Et toucher à cette conscience n’est pas forcément une chose facile. Cela peut prendre du temps ou nécessiter une crise majeure pour sentir l’inconfort émotionnel.
C’est pourquoi il est important d’en parler, d’ouvrir le débat, d’établir le cadre dans lequel on souhaite vivre en communauté, dans les écoles, auprès des adolescents, chez les adultes, dans les milieux professionnels.
Eduquer, enseigner, transmettre de l’information, nommer, qu’il s’agisse du harcèlement, des émotions, du besoin d’appartenance, de l’identité, de la mort aussi.
Ensuite, le chemin appartient à chacun, avec ce qu’il est. Et de manière collective, il appartient à chacun de faire respecter le cadre. Remettre cette responsabilité chez l’autre, souvent dans la figure hiérarchique, c’est se déposséder de son propre pouvoir, de sa propre puissance, de son humanité.
Par-delà les notions de bien et de mal, il y a un champ.
C’est là-bas que je te retrouverai.
Rumi