Fontaine d’amour qui guérit
Texte écrit en août 2020, suite à des retrouvailles avec une amie passeuse qui me parle de sa vision d’amour pour la société.
La lumière a révélé les couleurs, la légèreté et la douceur du cœur de mon âme. Après quelques semaines à peine de confinement, en l’espace d’un week-end prolongé, je ressors mes costumes, mes plumes, la machine à coudre.
Quelque chose, une idée, est entré en moi et je ne sais plus l’arrêter. J’ai un besoin viscéral de réaliser ce projet, de mettre en œuvre, en musique, en mouvement cette ébauche qui s’est faite dans ma tête lors d’une méditation et qui a touché mon cœur.
La vision d’une connexion aux autres à l’heure où nous devons rester chez nous.
La vision d’une ouverture aux émotions, à la tristesse, la peur ou la colère, qui peuvent nous visiter quotidiennement parce que nous avons dû fermer nos portes.
La vie dehors s’est arrêtée, sauf la Nature. C’est le début du Printemps et, comme chaque année, la Nature suit son cycle de vie/mort/vie.
Et d’une certaine façon, nous devons le suivre aussi.
Il y a une forme de magie à ce que toute notre société actuelle, vivant à 2.000 à l’heure, façonnant les choses selon ses envies, doive s’arrêter, faire pause, « rewind ».
Et peut-être plus qu’un retour en arrière, c’est un retour à soi.
Notre mental a été gavé de chiffres, de tendances, d’hypothèses, de décisions. Revenir à soi.
Pour moi, tous les matins, tous les jours, la méditation était un hymne à la joie :
J’inspire le calme, (à l’expire) je suis le calme.
J’inspire la confiance, je suis la confiance.
J’inspire la lumière, je suis la lumière.
J’inspire l’amour, je suis l’amour.
J’inspire la joie, je suis la joie.
Cela m’a aidé tous les jours, en voyant mes collègues à travers un écran. En voyant mes enfants s’adapter.
Cela m’a aidé à voir et sentir toute la souffrance possible qu’il pouvait y avoir en chacun, en cette période. Cela m’a donné l’envie d’offrir tellement d’amour, d’aller déposer dans le cœur de chacun une petite flamme qui réchauffe et qui éclaire.
Grâce à mon métier, j’ai planifié, j’ai prototypé, récolté du feedback et amélioré.
Grâce à la méditation et mes séances psy, j’ai continué malgré les doutes, j’ai pleuré parfois de peur : peur de ne pas être à la hauteur, de décevoir, que personne n’aime.
Me sentir si vulnérable ne m’était jamais arrivé de toute ma vie professionnelle. Pourtant j’ai construit les compétences : 10 ans de formation, ce n’est pas rien !
J’ai construit l’expérience au travers des fêtes de village et de l’hôpital.
Mais ceci, ceci est tellement nouveau… et les enfants… les enfants ont un cœur encore tellement accessible. Et ils savent l’ouvrir quand en face d’eux l’accueil est inconditionnel, quand il n’y a pas d’attente, de projection, de jugement.
Le clown est un personnage tellement magnifique : tout est bon, tout est beau, il n’y a rien de mal fait. Il n’y a que des raisons pour s’émerveiller davantage. Chaque lever de soleil est unique. Chaque coucher aussi.
Chaque cœur vaillant est un cadeau.
Je voudrais citer le voyage de ce jeune garçon, de 5 ans peut-être. Nous naviguons vers la peur pour trouver en nous-mêmes la force, la ressource qui nous donne du soutien et qui nous permettra de naviguer encore un peu plus loin. Il ne s’agit pas de refuser et de fuir, il s’agit de reconnaître et d’aller plus loin, retrouver le chemin de la joie.
Il ferme les yeux et fait son voyage.
Au retour, il accepte de nous en parler :
– Et toi, qu’est-ce qui te fait peur ?
– J’ai peur dans le noir.
– Et qu’as-tu fait avec cette peur ?
– Rien, je savais pas quoi faire.
– Et… tu as gardé les yeux fermés ? tu es resté dans le noir ? [curieuse]
– Oui… [rires gênés des cœurs d’adultes présents]
– Ohlala… tu as peur du noir et tu es resté tout le voyage les yeux fermés ? [admirative]
– Oui !… [plus de rire]
– Oh dis donc, je te félicite, je te trouve très courageux, vraiment ! quel courage ! avoir peur et rester…
Un sourire s’est dessiné sur son jeune visage…